Encres bleues: Julie
Textes: Nicolas Fleury
Vidéos: Frédéric Thomasset et Lorraine Fasler
Photos: Lucien Fortunati
Illustration Encre bleue: Gilles Laplace
Infographie: Yannick Michel
Animations: Mathieu Rudaz
Réalisation web: Nicolas Fleury et Frédéric Thomasset
Correction: Alejandro Sierra

Depuis bientôt trente ans, elle accompagne le quotidien des Genevois dans les colonnes de la «Tribune de Genève». Elle? C’est Julie, bien sûr. Découvrez au fil des vidéos, interviews et Encres bleues quelle est son histoire.





Les débuts

Vingt-huit mai 1990, une encre bleuit la 44e page de «La Tribune de Genève». Début d’une aventure parsemée de poésie.



Première Encre bleue

J'ai vu de la lumière. Je suis montée. Charmant chez vous, puis-je m'asseoir? Dommage cette petite tache d'encre bleue sur votre nappe blanche. Vous devriez essayer la terre de Sommières, c'et radical.

Soudain la tache gonfla et explosa en milliers d'éclats sur la table. Incroyable! Dans ce chaos bleu, je vis défiler toutes les images du monde. Des plus paisibles au plus amères. Et même un chien écrasé à Genève, un Lituanien osant un pied de nez à Gorbatchev, l'épicerie de ma rue, les otages du Liban et la tête de Rorschach...

Vraiment vivant chez vous! Je sens que je vais m'installer là au beau milieu de la tache bleue. Et tant pis pour la nappe.

Julie

Le contexte

Tout a commencé alors qu'une nouvelle formule du journal allait voir le jour. Il fallait innover. Daniel Cornu, rédacteur en chef d'alors, a pensé à ouvrir le quotidien genevois à un peu plus d'originalité: proposer aux lecteurs un billet d'humeur et un peu d'humour. Ainsi apparurent deux nouveautés: la bande dessinée Calvin et Hobbes, ainsi que l'Encre bleue. Dans celle-ci, Julie, sourire à la plume, ose tout! Dès son deuxième billet d'humeur, d'ailleurs, elle nous parle des lumières du Macumba léchant le ciel genevois, s’étonne de ce gaspillage d’énergie et pique du bout de son bec acéré cette centrale nucléaire voisine déjà tant décriée, Creys-Malville, qui fermera huit ans plus tard…

Deuxième Encre bleue

Les amoureux des étoiles n'en dorment plus, les écolos sont verts de rage: les faisceaux lumineux du Macumba qui valsent chaque soir sur nos têtes font désordre dans le paysage. Soit. Mais pour celui qui a la danse de Saint-Guy, c'est drôlement pratique. Plus besoin de boussole, suffit de lever le nez pour repérer la piste. Le Macumba sème ses rayons comme le Petit Poucet ses cailloux...

Côté pub, c'est béton. Au lieu de bouder, nos édiles feraient mieux de plagier pour attirer les foules. Chaque boîte de nuit aurait sa traînée de lumière et le ciel de Calvin son soleil de minuit. L'art de gaspiller de l'énergie? C'est clair! Et Malville servirait encore plus à rien. Juste à faire danser les Genevois chez eux.

Julie

Les origines

Toujours dans le vent, au plus près de ceux qu’elle observe sans jamais qu’ils ne perçoivent autre chose que son encre, Julie écoute, transcrit, rassure, dénonce, rigole, remplissant son encrier du quotidien des Genevois. Au travers des lettres bleues qui s’écoulent de sa plume, elle nous laisse sentir le pouls de sa ville, de notre ville. Mais d’où vient-elle, le savez-vous? Et pourquoi donc la «Tribune de Genève» est-elle, encore aujourd'hui, surnommée la Julie? Pour le savoir, plongeons dans les archives et revenons au dernier millénaire.



Pourquoi la Julie?

«En 1879, la rédaction de «La Tribune de Genève» quitte la rue du Mont-Blanc pour s'installer au numéro 1 de la place Bel-Air. Ce qui explique pourquoi Georges Favon brocardait la publication concurrente dans son «Genevois», en l'appelant irrévérencieusement la «Meunière de Bel-Air»...

Georges Favon devait d'ailleurs rapidement trouver un autre surnom à «La Tribune». Sa belle-soeur qui habitait chez lui, prénommée Julie, lui réclamait chaque soir avec insistance «La Tribune de Genève». Cette préférence pour le journal concurrent agaçait prodigieusement le rédacteur en chef du «Genevois», qui commença à le baptiser le «journal de Julie», puis la «Julie» tout court...»

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