Cette fois, c’est la bonne. Ge/Servette a enfin décidé de se tourner vers l’avenir sans pour autant balayer tout ce qui a été fait depuis le début des années 2000. Avec son actionnaire qui n’aime rien tant que la discrétion, le futur grenat va se dessiner en douceur. Première évolution visible, le changement d’entraîneur. Chris McSorley, qui est loin d’être un homme naïf, a compris qu’il avait tout intérêt à ne pas s’accrocher aux branches après une saison 2018-2019 très compliquée. Il a laissé le banc sans sourciller à Pat Emond. Pour mieux s’occuper de ce qu’il fait le mieux: la gestion sportive.

Mais c’est désormais sous la surveillance – ou devrait-on dire en collaboration? – des autres membres de la commission sportive mise en place par le board qu’il traite les dossiers des contrats des joueurs.

Cette structure n’a rien de révolutionnaire. Elle correspond peu ou prou à ce qui se fait ailleurs. C’est plutôt le mode de fonctionnement qui présidait jusque-là qui détonnait. Dans un hockey moderne qui ne souffre plus l’accumulation de tâches pour un seul homme, cet ajustement n’apportera que des points positifs si chacun respecte son cahier des charges et se contente du rôle qui lui a été attribué.

À Genève, le président devra se contenter de présider et exercera son pouvoir de contrôle avec les autres membres du board. Aussi passionné soit-il, Laurent Strawson sera sans aucun doute moins sollicité par les médias pour donner son avis sur des questions sportives. Le directeur sportif, lui, se concentrera sur la gestion des contrats. À commencer par le sien, qui court jusqu’à l’automne 2023. Chris McSorley sait qu’il doit avoir un comportement impeccable et loyal s’il entend poursuivre son mandat. Les temps ont changé aux Vernets. Et l’homme qui a incarné le renouveau du hockey au bout du lac le sait bien. Son employeur a les reins assez solides pour trancher dans le vif. Mais comme elle n’aime pas les vagues, la Fondation 1890 a choisi une méthode douce pour accompagner la fin de carrière de Chris McSorley au sein d’un club qu’il a largement contribué à faire grandir. Avec Olivier Keller et Marc Gautschi, le board a placé deux hommes de confiance à la gauche et à la droite de «Jésus Chris». Il est fort probable qu’à terme, l’un ou l’autre deviendra calife à la place du Chris.

On efface tout, mais lentement. Telle pourrait être la devise employée par la Fondation. Sur le banc, là aussi, on a choisi la méthode douce en plaçant l’excellent Pat Emond. Un homme à la fois issu de la culture «McSorley» mais qui propose sa propre vision d’un hockey nettement plus moderne.

Fort de ses succès avec les Juniors (il reste sur 2 titres de champion de Suisse consécutifs), il était l’homme de la situation pour mener à bien, sur la glace, le projet cohérent à tous les niveaux dessiné par le club.

Grégoire Surdez