Comment le réchauffement climatique change Genève

Perspective locale sur un phénomène on ne peut plus global

Le lit de l’Aire à sec, le 20 septembre 2018 à Genève. Photo: Christophe Ebener

Le lit de l’Aire à sec, le 20 septembre 2018 à Genève. Photo: Christophe Ebener

Cette image montre l'écart des températures annuelles de 1753 à 2017 avec la moyenne 1961-1990 à Genève.

Chaque ligne représente une année. L'écart varie de -2°C, en bleu, à +2°C en rouge.






Cette image montre l'écart des températures annuelles de 1753 à 2017 avec la moyenne 1961-1990 à Genève.

Chaque ligne représente une année. L'écart varie de -2°C, en bleu, à +2°C en rouge.







Genève, 22 novembre 2018
Texte: Antoine Grosjean, Duc-Quang Nguyen
Analyse et visualisation de données: Duc-Quang Nguyen
Video: Georges Cabrera
Rédaction photo: Enrico Gastaldello
Correction: Alejandro Sierra
Réalisation web: Duc-Quang Nguyen
Code: R, tidyverse, gganimate

Ce n’est pas qu’une impression, il fait toujours plus chaud à Genève. Depuis un siècle et demi, la température moyenne a augmenté de près de deux degrés en Suisse et à Genève. Et ce n’est pas fini, puisqu’à long terme, les scénarios échafaudés tout dernièrement par MétéoSuisse, l’EPFZ et l’Université de Berne tablent sur une hausse moyenne du mercure de 2,5 à 4,5 degrés en été, et de 2 à 3,5 degrés en hiver. À l’avenir, notre climat sera donc plus chaud et sec, et les étés caniculaires pourraient devenir la norme.

On fait le point ici en graphiques sur le réchauffement que la Suisse occidentale a traversé depuis 1753. Genève peut se targuer de disposer des relevés de température les plus anciens de Suisse. Ceux-ci montrent clairement que l’écart avec la moyenne de référence est de plus en plus important.

Voici les réponses aux questions les plus courantes sur cette menace mondiale, décryptées avec 265 années de données locales.


Les fluctuations naturelles peuvent-elles expliquer le réchauffement actuel?

Pas du tout. Le consensus scientifique sur cette question est écrasant. Six études indépendantes ont analysé l'intégralité des résultats scientifiques sur la question, soit près de 12 000 articles. Ces méta-analyses aboutissent toutes au même constat et établissent qu'au moins 97% de toutes les recherches climatologiques démontrent le lien entre activités humaines et réchauffement climatique.

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), organisme de l'ONU, est univoque en déclarant qu’«il est extrêmement probable que l’activité humaine est la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle».

Autrement dit, les fluctuations naturelles de température ne peuvent pas à elles seules expliquer le réchauffement actuel. Le graphique ci-dessous illustre la tendance anormale de température qui a subsisté ces dernières décennies en comparant l’écart des températures à Genève en été de 1753 jusqu'à 2018 avec la moyenne 1961-1990.



L'intervalle de 1961 à 1990 correspond à la période standard de référence définie par l’Organisation météorologique mondiale et donc utilisée de par le monde pour déterminer les moyennes climatologiques. Si les périodes standards sont régulièrement adaptées afin de mieux décrire le climat actuel, la période 1961-1990 est conservée comme période de référence pour l’observation de l’évolution à long terme du climat.

Par comparaison avec les siècles précédents, il est frappant de constater l’absence d’été froid depuis 1980. Comme expliqué par MétéoSuisse, la hausse des températures des dernières décennies est le résultat de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Le réchauffement climatique s'est-il accéléré?

Oui, on constate une accélération du réchauffement en Suisse, notamment à partir des années 90.



Au niveau mondial, le réchauffement s'est également intensifié, même s’il y a eu un certain plateau dans les années 2000. Cependant, depuis 1980, chaque décennie supplémentaire a été toujours plus chaude. Par ailleurs, les trois années les plus chaudes sont les plus récentes (2015, 2016 et 2017). Selon MétéoSuisse, l’année 2018 pourrait bien terminer sur le podium.

Quel a été le réchauffement de la Suisse jusqu'à présent?

MétéoSuisse estime que le réchauffement en Suisse depuis 1864 est de l’ordre de 2 degrés Celsius, soit le double du réchauffement mondial durant la même période. La Suisse, tout comme les pôles et autres domaines alpins, se réchauffe plus vite que le reste de la planète.



De manière générale, l'hémisphère Nord se réchauffe plus rapidement que l'hémisphère Sud, car il dispose de davantage de continents et moins d'océans, qui eux se réchauffent plus lentement.

Pour rappel, l'Accord de Paris sur le climat vise à limiter d'ici à 2100 le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ». La Suisse a donc déjà excédé les objectifs globaux d'augmentation de température.

MétéoSuisse table actuellement sur une augmentation de température de 4°C jusqu'à 2100 pour l'ensemble du territoire. La tendance à la sécheresse et à la chaleur extrême n'est donc pas près de fléchir.

La climatologue Valentine Python explique le réchauffement climatique et ses effets.

© Tamedia