Jérémie a parlé à une oie, est-ce un signe?

Homonymes, homophones, homographes, calembours, virelangue: notre jeune aventurier se joue de la langue et nous raconte les péripéties d’un petit ver de terre.

Dans mon pays imaginaire… j’ai capturé un ver qui fait des vers à la Prévert dans un pré vert, je l’ai mis dans un verre vers mon soulier de vair. Son vœu? Il veut pêcher en mer, et sa mère, femme du maire, est bien amère d’avoir déjà perdu cent petits vers sans rien n’y pouvoir faire. Elle s’en ronge les sangs. C’en est trop pour elle et elle sent qu’il lui faut faire quelque chose avant que son petit ne ferre les poissons de son hameçon de fer.

Elle hèle alors l’oie aux ailes blanches, qui sans foi ni loi pour une fois n’a pas les foies: «Vole vers Jérémie, par la voie du ciel, et de ta grasse voix volatile demande-lui, par la grâce des saints volatiles, de capturer mon petit ver et, s’il le peut, de lui faire un peu peur pour l’empêcher d’accomplir son dessein.» Vous connaissez la suite, je ne vous fais pas un dessin, mais avez-vous faim de connaître la fin?

Eh bien la voilà: finie la pause, je pose le petit ver au haut d’un court cours d’eau, et je lui dis: «Cours dans la cour, car comme dans une chasse à courre, je sors mon cor et joue en do, pour écraser ton corps et marcher sur ton dos.» Le petit ver se terre mais sans se taire. Il crie comme une sirène que ce sont les sirènes qu’il veut voir, il ne veut pas pêcher, ce serait un péché pour lui, ver qui ne luit.

Il vit désormais une nouvelle ère, comme ce hère sans haire aimant jouer au hère qui erre dans les ergs du désert et manque d’air ou ce hère qui laisse des erres sur toute l’aire d’un champ d’ers et roule ses R, se faisant le chantre du chant. Mais oui, tu sais, c’est comme le conte du comte qui compte les sauts qu’il fait comme un sot par-dessus vingt seaux de vin et vint à apposer son sceau et sa patte sur un paquet de pâtes! Mais ça, ce sont d’autres histoires… Moralité: Jérémie est un garçon affable.

Vive les mots de tête!

Comme vous l’aurez compris, dans ce récit je vous parle aujourd’hui d’homonymes, ou homophones, soit des mots qui ont le même son mais s’écrivent différemment et ne signifient pas la même chose. Vous y trouvez aussi quelques homographes, qui eux s’écrivent de la même manière mais peuvent ne pas se prononcer de la même façon et sans non plus avoir le même sens, bien sûr.
Mais j’adore surtout les calembours et le virelangue, car là on fait des jeux de mots qui mêlent sens et sonorité et emmêlent lecteur, auditeur et locuteur. Pour ce faire, on utilise les homonymes, bien entendu, mais aussi les paronymes, qui sont des mots se ressemblant beaucoup au niveau du son comme de l’écriture (ablation/ablution ou encore affleurer/effleurer). On utilise rimes, allitérations et assonances à l’envi, en jouant avec la forme, les équivoques, l’ambiguïté, bref, tout ce qu’il faut pour avoir des mots de tête.



«En tant que végétarienne, pour moi, lézèrbivor, c’est de la faune éthique!»

Magalie, la jolie soeur de Jérémie

Ne pas aspirer le H!

Bon, vous voulez des exemples, j’en suis sûr! Alors savez-vous pourquoi les aveugles vous tutoient? C’est parce qu’ils ne vous voient pas! Eh oui, petit jeu de mots laids pour gens bêtes! Sans compter qu’il faut se méfier des gens bons, car si on les bâillonne, ils peuvent devenir des sales amis. Vous suivez? Tant mieux, car ce n’est pas fini. Depuis le cours de prévention contre les drogues, je dis les «zandicapés» et les «zérissons», parce que la maîtresse a dit qu’aspirer le H était très mauvais pour la santé! En parlant de H aspiré, ça me fait penser à La Zavane, car il paraît qu’à Cuba, on fait du cacao… Bon, celle-là, mémé ne l’a pas beaucoup appréciée quand je la lui ai racontée, mais je crois qu’elle a encore moins aimé qu’avec papa on se moque de ses nouvelles bottes: «Bien que je ne m’intéresse pas à l’avis des autres, il vaudrait mieux que vous ne me soûliez pas avec mes chaussures, car cela pourrait me lasser. Je ne ferai d’ailleurs plus ma fausse sceptique avec le docteur Achille, car depuis que je n’ai plus de talons, je peux crier: «Au diable la varice!»

Bon papa, vous le connaissez, Marx étant son allié né et l’humour son art mûr, il en a profité pour glisser sa tirade: «Si la politique est louche, c’est bien parce que l’élu net n’existe pas!» Quant à moi, j’en ai entendu une dans la cour de récré, mais là c’est une devinette: «Quelle est la différence entre des voleurs et des singes? Aucune, ils ont tous les deux la police aux fesses!» Hahaha! Oui, j’avoue, je suis moins subtil que pépé, qui aime toujours rajouter une louche de son bouillon de culture: «Les mots rendent-ils les cris vains? Je ne sais pas, mais même un roman scié peut être un grand tome.» Tonton René, lui, trouve que «les femmes sans morale essaient toujours de manipuler leurs maris honnêtes». Du côté de ma grande sœur, Magalie, végétarienne convaincue: «Lézèrbivor, c’est de la faune éthique!» allez comprendre...

Bon ça y est, c’est fini… enfin presque, je ne résiste pas à vous citer Coluche: «J’aime manger épicé, mais pas en même temps!» Vous avez bien rigolé? Alors tant mieux: «Notre but est atteint, comme la tarte du même nom!» dirait le chat de Geluck.



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