DEMAIN,
LE TRAIN

Dès le 15 décembre 2019, un vent de modernité va souffler sur la mobilité Genevoise. Le Léman Express arrive et, grâce à lui, notre façon de nous déplacer va changer à tout jamais: plus rapide, plus efficace, plus écologique. Bref, plus adaptée à l'air du temps.

Cette petite révolution porte bien des promesses: rapprocher les différents quartiers de la ville, réunir les deux rives et renforcer les liens avec nos voisins Français et Vaudois.

En attendant le jour J, laissez-nous vous prendre par la main et vous mener dans les coulisses de l'un des plus grands projets genevois. Visite guidée.



«Nous sommes en train de réaliser le projet du siècle pour  Genève et pour la région!»


Serge Dal Busco, conseiller d’État en charge des transports. LUCIEN FORTUNATI

Serge Dal Busco, conseiller d’État en charge des transports. LUCIEN FORTUNATI

Serge Dal Busco inaugurera le Léman Express le 15 décembre prochain. Pour nous, il évoque les ambitions qu’il nourrit pour Genève avec la mise en service du nouveau réseau et les défis qu’il reste à relever.

En quoi le Léman Express va-t-il modifier le quotidien des Genevois et des habitants de l’agglomération?

Nous vivons un moment charnière. En termes de qualité autant que de quantité, l’offre proposée par le Léman Express sera totalement inédite. On a certes aujourd’hui des développements de la mobilité transfrontalière, mais ils sont incomparables avec l’effet réseau qu’amènera le Léman Express. On va véritablement entrer dans le XXIe siècle en matière de transports, chose que d’autres agglomérations suisses ont faite il y a déjà plusieurs décennies. À Zurich, par exemple, le rail constitue la colonne vertébrale du réseau de transports publics, ce à quoi Genève aspire désormais.

Le Léman Express est partiellement en service sur l’axe Coppet-Lancy-Pont-Rouge depuis juin 2018. Les effets attendus se sont-ils déjà fait sentir?

Quand on met en place une nouvelle offre, il faut un certain temps avant de pouvoir en mesurer pleinement les impacts. Mais en effet, on remarque une augmentation très significative de la fréquentation sur cet axe. La tendance s’est confirmée avec le développement de la fréquence au quart d’heure sur l’ensemble de la journée, en décembre dernier.

«On va véritablement entrer dans le XXIe siècle en matière de transports»


Gare de Lancy-Pont-Rouge. LUCIEN FORTUNATI

Comment comptez-vous mettre les Genevois dans le train?
Un important travail sera effectué sur les lignes de bus. Elles seront réorganisées afin que chaque commune soit directement connectée à une gare, comme c’est déjà le cas sur la rive droite. Certaines habitudes vont être bouleversées, de nouvelles devront être prises. Mais on accompagnera les usagers dans cette démarche. Certains s’en plaindront certainement dans un premier temps, toutefois ils se rendront très vite compte de l’efficacité du nouveau réseau et des bénéfices qu’ils vont pouvoir en retirer.

Vous parlez de nouvelles habitudes à prendre. Avec l’arrivée du Léman Express, la multimodalité sera facilitée et même encouragée.

À partir de décembre prochain, 80% des habitants du canton et 86% des emplois se retrouveront à moins de 1,5 km d’une gare. Il faut tout faire pour que ce «dernier kilomètre» devienne attractif et que les gens adoptent le Léman Express. Raison pour laquelle le nouveau réseau s’accompagne de la création de P+R, de vélostations ou encore de parkings pour deux-roues motorisés. La réalisation d’aménagements piétonniers et le développement d’axes cyclables sécurisés et continus compléteront le dispositif.

Est-ce que toutes les infrastructures, notamment en termes d’accueil des passagers, seront opérationnelles à la mise en service?

Le fonctionnement du réseau sera assuré et les gares seront entièrement opérationnelles. Par contre, l’ensemble des aménagements prévus ne sera pas entièrement terminé le 15 décembre 2019, principalement au niveau des espaces publics autour des gares. Nous mettons le paquet pour accélérer ces travaux. Et un effort très important portera sur l’orientation et l’information des passagers, tant côté suisse que côté français. C’est une priorité.

«À partir de décembre prochain, 80% des habitants du canton et 86% des emplois se retrouveront à moins de 1,5 km d’une gare»


Quai de la gare Cornavin. STEEVE IUNCKER GOMEZ.

Quel serait pour vous le signal que la mise en service est réussie?

Nous nous attendons à accueillir 50 000 passagers par jour et il s’agira d’accompagner ces usagers. Lorsqu’on met en place une nouvelle offre efficace, il y a un phénomène naturel qui la rend attractive et produit des effets favorables. On a encore pu le vérifier récemment avec la Voie verte. Mais l’important est de rendre cet effet durable, de pérenniser les changements de comportement.

Combien de temps vous laissez-vous pour dresser un premier bilan?

C’est après plusieurs mois que nous pourrons vérifier le succès de la nouvelle offre. Il y aura certainement des imperfections et il faudra veiller à être réactif pour réaliser les ajustements nécessaires rapidement. Nous sommes en train de réaliser le projet du siècle pour Genève et pour la région! Ce que l’on met en place est tellement énorme et complexe qu’il faudra en appeler à une certaine compréhension de la part du public. En 2011, la réorganisation du réseau TPG avait suscité passablement de mécontentement. Je suis particulièrement attentif à ce que les choses se passent mieux cette fois. Mais je n’ai pas d’appréhension particulière.

On parle souvent des avantages que les pendulaires transfrontaliers vont retirer du futur réseau, moins de ceux que les résidents genevois obtiendront. Quels sont-ils?

Dans le cœur de l’agglomération, six trains circuleront chaque heure et dans chaque sens entre les gares du canton. On sera dans la logique d’un métro. La synchronisation de ces cadences avec celles des bus et des trams fera que les déplacements seront extrêmement performants. Le tout avec un billet unique. Par ailleurs, le Léman Express proposera des destinations inédites: on pourra par exemple aller skier directement depuis une gare à côté de chez soi, ou rejoindre facilement la future Comédie depuis Lausanne ou Thonon. Et puis le Léman Express a un potentiel de réduction du trafic routier de l’ordre de 12%. En été, quand on a l’impression qu’on circule très bien à Genève, la diminution du trafic ne dépasse pas les 7%. La qualité de vie des Genevois devrait grandement progresser.

«L’important est de rendre cet effet durable, de pérenniser les changements de comportement»


Quai de la gare de Sécheron. LUCIEN FORTUNATI.

Des bénéfices qui profiteront également à l’économie?

La mobilité est l’un des piliers de notre prospérité. Perdre du temps dans les bouchons n’est bon pour personne, et notamment pour les entreprises. L’un des enjeux principaux du Léman Express est justement de soulager les axes routiers des centres urbains du trafic individuel pour les réserver à ceux qui n’ont pas d’autre alternative, transporteurs professionnels en tête. On déchargera aussi le trafic parasitaire dans les zones de campagne. Tous ces effets positifs aideront considérablement à mettre en œuvre la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée, qui a été largement approuvée par le peuple.

Après la mise en service, le 15 décembre 2019, quelles seront les prochaines échéances pour le Léman Express et, plus largement, pour le rail à Genève?

Nous travaillons sur un projet de nouveau barreau du réseau, une liaison diamétrale qui reliera Zimeysaver (ndlr: zone industrielle de Meyrin, Satigny et Vernier) à Bernex, en passant par Meyrin, l’aéroport, Cornavin, Lancy et Plan-les-Ouates. Ce sont des travaux de très longue haleine que l’on doit anticiper dès maintenant, car il s’agit d’un projet d’importance fédérale pour lequel il s’agira d’obtenir des financements de Berne. Mais rien ne pourra se faire avant l’extension souterraine de la gare de Cornavin, prévue à l’horizon 2030.

«Perdre du temps dans les bouchons n’est bon pour personne, et notamment pour les entreprises»


Quai de la gare Cornavin. STEEVE IUNCKER GOMEZ

Realisation Web: Cécile Denayrouse.
Textes: Yann Gerdil-Margueron, Thomas Piffaretti, Guy Mettan, Cécile Denayrouse.
Photos: Georges Cabrera, Steeve Iuncker Gomez, Lucien Fortunati, O. Zimmermann.
Infographies: Gilles Laplace.
Vidéos: Rédaction web.

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