LE TRAIN, NOUVEL ART DE VIVRE URBAIN

Dans les rames flambant neuves, tout a été pensé pour faciliter le quotidien des usagers

Toute première gare du Léman Express en fonctionnement, Lancy-Pont-Rouge est déjà sur les rails. Des rames circulent toutes les 15 minutes, et parmi elles, quelques-unes arborent déjà fièrement les couleurs du Léman Express. Il ne s’agit pas d’un simple coup de peinture extérieur. L’intérieur des wagons a également eu droit à une discrète mais radicale métamorphose: tout a été repensé pour le confort des voyageurs.

En compagnie de Mario Werren, directeur général de Lémanis SA, découvrez les nouveautés qui font du Léman Express un train résolument moderne

«Vous entendez?» demande Silvano Rupil, ingénieur chez Stadler, le constructeur suisse des trains, un demi-sourire aux lèvres. Nous tendons l’oreille. Rien. «Eh bien, c’est parfaitement normal! Les trains Léman Express sont bien moins bruyants que leurs prédécesseurs. Ce n’est de loin pas la seule amélioration. Outre le bruit, ce sont les sensations d’accélération et de décélération du véhicule qui ont complètement disparu.»

Effectivement, quelques minutes plus tard, nous voici à la gare Cornavin, sans avoir ressenti la moindre secousse. «Ils sont également capables de pointes à 160 km/h sur certains tronçons, ce qui diminue drastiquement le temps de trajet. Plus largement, ils sont équipés d’un système embarqué nommé ETCS, qui rend la signalisation plus intelligente et plus sûre, mais qui permet aussi d’augmenter la capacité des lignes et d’améliorer la vitesse moyenne des trains», précise-t-il.

Vivez en accéléré les quelques minutes de trajet entre la gare de Lancy Pont-Rouge et Genève depuis la cabine du conducteur. VIDEO: LUCIEN FORTUNATI

En plus de ces détails techniques, c’est la façon de voyager qui a été entièrement repensée et qui entre désormais de plain-pied dans le XXIe siècle. Il est par exemple possible de recharger son téléphone portable ou son ordinateur durant son trajet puisque des prises électriques sont installées à proximité des sièges, y compris en seconde classe. Un luxe qui n’existait pas jusqu’ici.

Les premières et secondes classes sont équipées de prises éléctriques

«Dans le même esprit pratique, les premières classes disposent d’un espace de travail amélioré, notamment avec des tablettes plus grandes», explique Mario Werren, directeur de Lémanis SA, l’opérateur du Léman Express. «L’une des préoccupations majeures des usagers, c’est la sécurité à bord», ajoute-t-il. Un système de vidéosurveillance performant déployé tout le long du train achèvera de rassurer le voyageur qui sort tard du bureau.



Personne n’a été oublié: les portes ont été élargies pour faciliter l’entrée et la sortie des personnes à mobilité réduite, des poussettes ou des vélos. Les toilettes disposent désormais d’une table à langer pour simplifier la vie des jeunes parents nomades. Une arme de séduction massive qui promet de vous faire oublier la voiture et les embouteillages.
Cécile Denayrouse

«Le Léman Express va offrir à Genève le saut qualitatif qui lui manquait»


Trois questions à Vincent Kaufmann, professeur de sociologie urbaine et d’analyse des mobilités à l’École polytechnique fédérale de Lausanne.



Sommes-nous face à une révolution?
Ça y ressemble en tout cas! Prenons Lausanne avec le M2, ou Lyon et Grenoble avec le tramway. Une fois mis en place, ces nouveaux services ont radicalement changé l’image du transport public et ont entraîné des changements de mode de vie dans ces trois villes. Genève n’a pas encore connu ce saut qualitatif, ce souffle-là. Son système de mobilité n’est pas en adéquation avec son aura internationale. Mais le Léman Express va permettre ce bond.

Qu’est-ce qui va changer?
La circulation à l’intérieur de Genève, notamment grâce aux liaisons de rocade, qui manquaient cruellement sur le réseau TPG. Celles-ci vont favoriser la mobilité transversale. Un trajet qui pouvait prendre plus d’une demi-heure en tramway et bus ne prendra plus que quelques minutes, le transfert modal sera favorisé et la qualité de vie grandement améliorée.

Le Léman Express réduit aussi la frontière entre Genève et la France…
Il faut admettre une fois pour toutes que nous sommes dans une région transfrontalière. C’est un fait qui prévaut également pour les questions de mobilité. Il faut penser la cohésion de la région. Dans ce contexte et dans son intérêt, il est indispensable que Genève soit amarré à son arrière-pays qu’est la France. C.D.

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