Servette n’a pas attendu le 10 mai et ce bonheur annoncé pour penser son avenir. Plusieurs choses ont été anticipées, à l’image du budget, qui sera au minimum doublé (de 12 à 15 millions) et qui est déjà garanti pour trois ans.

Mais la Super League, cela suppose bien d’autres ajustements, qui ne pouvaient être activés ou finalisés avant l’officialisation de la promotion.

Une équipe à renforcer

C’est une évidence: pour régater au sein de l’élite du football suisse, il faut renforcer le contingent actuel. Non pas que certains aient démérité, mais parce qu’il faut se donner les moyens de ne pas s’inscrire comme candidat à la relégation. Servette a déjà mis en route plusieurs dossiers, selon une méthodologie bien précise et sérieuse.

1. Définition d’une politique sportive, par le club. On parle là d’une certaine idée de jeu, qui doit aussi se cultiver au sein de l’académie.

2. Définir un projet de jeu pour la première équipe, en rapport avec les exigences de la Super League et plus de la Challenge League.

3. Identification des besoins.

4. Transmission de ces besoins à la cellule de recrutement.

5. Montage de différents dossiers de joueurs pouvant intéresser Servette.

6. Première sélection des joueurs les plus intéressants effectuée par l’entraîneur.

7. Montage vidéo des éléments retenus et validation.

8. Prise de contact avec le joueur et le club si nécessaire.

9. Discussions formelles en vue de l’établissement d’un contrat.

Servette privilégie la détection de joueurs libres, prêts à s’engager pour l’aventure. Le nom «Servette FC» est un atout dans ce domaine, surtout avec le sérieux retrouvé. «Nous pouvons aussi envisager des prêts si cela s’avère pertinent, précise le président Didier Fischer. Nous avons avancé sur plusieurs dossiers. Nous sommes déjà au stade des contacts avec deux tiers des joueurs que nous avons ciblés. Au total, on peut parler de quatre à six renforts, qui concernent toutes les lignes.»

Ce n’est pas tout. Le sérieux retrouvé dans la gestion du club a attiré de belles âmes. «Certaines personnes m’ont déjà approché, explique le président. Elles se déclarent prêtes, le cas échéant, à ouvrir un compte en faveur du Servette FC pour un effort financier ponctuel. Si la cellule de recrutement et Alain Geiger sont sûrs à 100% de la nécessité d’engager un ou deux joueurs qui supposeraient un investissement de nature à dépasser notre budget, alors on pourrait activer cette possibilité. On peut viser haut, c’est très appréciable.»

Dans un premier temps, Servette visera le maintien. Après, si tout se passe bien, il pourra nourrir des ambitions européennes pour grandir encore, sportivement et structurellement.

Un directeur sportif façon YB

Le passage en Super League ne va pas bouleverser les structures administratives déjà en place au club. Mais se frotter à l’élite, c’est progresser. C’est tracer un nouveau chemin pour s’améliorer. À ce titre, Servette fonctionne encore sans directeur sportif. S’il le faut, il peut toujours en nommer un pour satisfaire aux exigences de la Ligue, mais c’est bien la bonne personne que le club cherche encore.
«Je veux une vraie valeur ajoutée et donc je cherche la bonne personne», explique Didier Fischer. Le portrait-robot ressemble trait pour trait à Christoph Spycher, le directeur sportif de Young Boys. Un tel élément ne court pas les rues. Mais c’est l’objectif que se fixe le président grenat.

«Je suis conscient de tout ça, de ce rôle joué par Spycher à YB, qui permet de libérer la gestion sportive du reste, de l’administratif, dit Fischer. Cela implique une mue vers laquelle je veux aller. Mais cela demande sans doute encore un peu de temps avant cette petite révolution structurelle.»

En attendant, Servette peut compter sur Geiger et Bonneau, deux hommes d’expérience, avec des connaissances sportives essentielles pour cette phase de transition vers la Super League.

Les liens avec l’académie

Servette, ce n’est pas que la première équipe. Elle opère comme un phare, mais elle doit éclairer tout un club et surtout l’académie grenat. Massimo Lombardo est de retour pour cela, il est le nouveau responsable technique du centre de formation. Adrian Ursea est lui aussi de retour, il reprend les M21. C’est tout le travail de postformation qui doit être amélioré. Dans l’idéal, il faudrait dans un premier temps que les M21 quittent la 2e ligue inter pour monter en première ligue. «Nous avons la volonté de réorganiser les liens entre les M21 et la première équipe», précise Didier Fischer. C’est essentiel.
Tout comme l’est l’anticipation dans la mise sous contrat de tous les meilleurs jeunes grenat. Avec son équipe pro en Super League, Servette a retrouvé des arguments. Cela lui permettra de protéger son patrimoine et d’en tirer les bénéfices. Zakaria, formé à Servette et parti deux ans à YB, a ensuite été transféré pour 13,5 millions de francs: le budget de la saison prochaine.

Dans cette promotion, tout est lié. Servette en est conscient. C’est indispensable.

Daniel Visentini