Un roc en attaque

Eric Fehr: «J’ai assimilé énormément de styles de jeu.» PIERRE MAILLARD

Eric Fehr: «J’ai assimilé énormément de styles de jeu.» PIERRE MAILLARD

Eric Fehr: «J'aime être un joueur que l'on n'aime pas affronter»

Des juniors à la NHL, le nouveau Canadien a été utilisé à toutes les sauces avec succès. À Genève, il devrait prendre de la place devant le but et ennuyer bien des gardiens de la Ligue.

Il ne sera pas le joueur le plus spectaculaire de la Ligue. Pas le plus rapide. Pas forcément le plus habile non plus. Mais il sera à n’en pas douter un cauchemar pour les défenses adverses. Engagé pour remplacer numériquement Cody Almond, parti cueillir les dollars de Malley, le centre canadien a le profil pour s’imposer dans les zones où il faut savoir jouer des coudes et de la canne.

À 34 ans tout juste (il les a fêtés le 7 septembre), l’ancien joueur de Washington, Pittsburgh, Toronto, San José et Minnesota a fait un vrai choix de vie en signant à Genève pour une première expérience en Europe (excepté un passage en Finlande lors du lock-out en 2012-2013) avec femme et enfants. Rencontré en bord de glace à une semaine de la reprise, il ne cachait pas son impatience de découvrir la folle ambiance des Vernets. Interview.

Eric Fehr, quel genre de personne êtes-vous?

Je pense être quelqu’un de très relax qui aime passer du bon temps en dehors de la patinoire. Avec mes amis et surtout avec ma famille. Enfin, j’aime jouer au hockey, tout simplement. J’adore ce jeu.

Votre famille vous accompagne dans cette nouvelle aventure.

J’ai passé deux semaines à l’hôtel avant que ma femme et mes trois enfants me rejoignent. J’ai eu pas mal de temps pour me balader et découvrir la ville et la région. Désormais nous sommes bien installés avec mon épouse, et Elisabeth, qui a 6 ans, Benjamin, qui en a 3 ans et Theodore, qui a tout juste 9 mois.

Vous cumulez deux activités à plein temps?

Oh oui. On peut dire que je suis quelqu’un de très occupé (rires).

Quelles sont vos attentes personnelles pour cette saison 2019-2020?

J’espère simplement jouer un maximum de matches et prendre du plaisir.
J’ai hâte de découvrir la véritable ambiance dans les patinoires. Jusque-là, il y avait très peu de monde lors de nos matches de préparation. Mes coéquipiers m’ont déjà averti: il paraît que le public, ici, fait énormément de bruit…

Donnez-nous une bonne raison de croire en vous?

J’ai une très bonne capacité d’adaptation. Cela fait depuis très longtemps que je joue au hockey et j’ai assimilé énormément de styles de jeu et assumé des rôles différents. Que ce soit sur le plan offensif ou défensif.

Et donnez-nous une bonne raison de croire en cette équipe?

Il y a une ambiance exceptionnelle dans ce groupe. Et c’est grâce à cela que nous allons trouver les solutions pour avoir du succès.

Avez-vous connu des problèmes d’adaptation aux dimensions des patinoires européennes?

Cela se passe plutôt bien. Ce n’est pas tant la dimension qui change mais plutôt la façon de jouer.

Il se murmure que la vitesse n’est pas votre point fort. Pensez-vous connaître des difficultés dans une ligue ou les joueurs patinent comme des hélices?

Le hockey est avant tout un sport d’anticipation et de placement. Je dois trouver les bons ajustements pour me positionner dans le jeu et tout ira bien.

Vous passerez du temps dans la zone de vérité?

J’aime me positionner devant le but adverse pour contrôler le puck ou faire de la place pour mes coéquipiers. Je suis un joueur physique qui aime donner des charges. J’aime être quelqu’un que les adversaires n’ont pas envie d’affronter.

Mais votre carrière démontre que vous ne rechignez pas à inscrire des buts?

C’est vrai que j’ai certaines habiletés. Chez les juniors, en AHL ou même en Finlande, j’ai connu pas mal de réussite. En NHL, j’ai plutôt été utilisé dans des lignes défensives, mais on ne m’a jamais interdit de marquer.

Dans cette ligue prestigieuse, vous avez notamment remporté la Coupe Stanley aux côtés d’un certain Sidney Crosby.

Quel joueur! C’est fou quand j’y repense. J’ai eu la chance et le privilège de le côtoyer au quotidien et de constater à quel point il est fort, talentueux mais surtout à quel point il travaille fort tous les jours.

Soulever cette coupe a dû être une forme de consécration…

Quand on a cinq ans et qu’on rêve de ça, on se dit qu’on est un peu fou. Ça a été long et très difficile pour y arriver. Cela n’a rendu que plus fort et émouvant ce moment-là.

Le fait d’avoir réalisé votre rêve de gosse en 2016 a-t-il contribué à vous aider à tourner le dos à la NHL et à vous exiler en Suisse?

Avant de me décider, j’avais plutôt dans l’idée de jouer encore une année en NHL. Cela ne s’est pas fait, et puis Genève est venu avec sa proposition. Et il est vrai que le fait d’avoir déjà eu du succès avec Pittsburgh a facilité ma décision de tenter une expérience nouvelle pour moi et ma famille. Je suis là pour avoir du succès mais également pour prendre du plaisir sur et hors de la glace.

Les Genevois vont apprendre à connaître Eric Fehr, le hockeyeur. Ils pourraient aussi découvrir Eric Fehr, auteur d’un livre pour enfants?

Je n’ai pas la prétention d’être un auteur. Il est vrai que j’ai publié un livre sur le harcèlement à l’école car c’est un vrai problème. Publié en 2014, il raconte l’histoire du plus méchant des bulldozers. Les ventes ont servi à récolter des fonds pour des associations luttant contre ce fléau.

Un hockeyeur qui publie un livre, ce n’est pas courant?

Je me souviens que mes coéquipiers de Washington, à l’époque, se demandaient si c’était bien moi qui avais écrit l’histoire de ce livre ou si c’était un autre Eric Fehr. Je leur avais répondu que j’étais heureux de savoir que certains d’entre eux savaient lire… Notamment les plus jeunes (il éclate de rire).

Grégoire Surdez

«J’aime me positionner devant le but adverse pour contrôler le puck ou faire de la place pour mes coéquipiers.»

Les autres renforts à découvrir cette saison

Quelles seront les bonnes surprises parmi les nouveaux visages de Ge/Servette? Tour d’horizon

Roger Karrer (défenseur)
Néointernational la saison passée, Roger Karrer, 22 ans, est un défenseur très technique doté d’un excellent patinage. Sa rapidité d’exécution est un vrai plus lorsqu’il s’agit de relancer vite et bien. Coéquipier de Noah Rod en équipe de Suisse chez les juniors, il connaît bien le capitaine des Aigles. Un vrai plus pour s’intégrer. On devrait le voir dans le jeu de puissance.

Marco Miranda (attaquant)
Lui aussi débarque des ZSC Lions. Ailier athlétique de 21 ans, il était courtisé et Genève a mis le prix pour s’attacher les services de cet attaquant promis à un bel avenir. Lui aussi néointernational la saison passée, il peut (il doit!) éclater cette saison à Genève.

Simon Lecoultre (défenseur)
Formé à Lausanne puis en ligue junior en Amérique du Nord (trois saisons chez les Moncton Wildcats en QMJHL), il fera ses débuts en National League cette saison. Le jeune défenseur international M20 (il avait brillé aux Mondiaux) a choisi de revenir en Suisse à Genève. C’est dans le projet défini par les dirigeants grenat qu’il a trouvé les meilleures conditions pour franchir le pas menant des juniors à l’élite. À Malley, l’effectif trop riche ne laisse aucune place aux jeunes formés au club. Tant mieux pour les autres…

Enzo Guebey (défenseur)
Ce pur produit de la formation régionale devrait faire ses vrais débuts en National League. Après quelques apparitions lors de la saison 2017-2018, il devait s’aguerrir en LNB à La Chaux-de-Fonds. Mais une grave blessure à un genou l’a privé de glace tout l’hiver dernier. Bien remis, il a mis les bouchées doubles pour s’imposer dans le tournus des défenseurs.

Marco Maurer (défenseur)
Il avait quitté Ge/Servette après une finale perdue contre Berne en 2010. Neuf ans plus tard, il revient en tant que vétéran. Avec son jeu physique, il devra combler une partie du vide laissé par les départs de Goran Bezina et
Daniel Vukovic.

Petr Cajka (attaquant)
Tout comme Deniss Smirnovs et Sandis Smons, Petr Cajka incarne l’avenir à moyen terme de Genève. Ce jeune Tchèque de 18 ans sera bientôt considéré comme joueur suisse (l’an prochain). En attendant, il sera au bénéfice d’une licence de joueur étranger qui sera activée en cas de besoin (blessure, méforme d’un des quatre autres joueurs importés).
G.SZ

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