129 ans de légende

La riche histoire du Servette FC en images.


1890 À la fin du XIXe siècle, le football rugby se pratique ici et là à Genève. En 1890, le quartier de la Servette fonde son club à l’initiative d’un jeune Anglais. La première année, les joueurs se cotisent à hauteur de 50 centimes pour se payer un ballon. Ici, l'équipe en 1892. (Servette FC)



1930 Le stade des Charmilles, où évoluera Servette durant plus de septante ans, est inauguré le 20 juin 1930 pour la Coupe des Nations, un tournoi amical réunissant des clubs européens. Une pelouse y coûte alors 1 fr. 90. (Bibliothèque de Genève)



Années 40-50 Jacky Fatton fait les beaux jours du club grenat. Il reste le meilleur buteur de l’histoire du championnat suisse, avec 274 goals. (Interpresse)



Années 50-60 En 1956, alors que la répression s’abat sur Budapest, une quinzaine de jeunes footballeurs hongrois profitent d’un stage en Suisse pour demander l’asile. Karl Rappan, alors entraîneur des Grenat, en récupère six. Parmi eux, des noms qui vont marquer l’histoire du club: Nemeth (photo), Makay, Pazmandy. (ASL)



1979 La saison 1978-1979 est celle de tous les superlatifs. Servette remporte le championnat, la Coupe de Suisse, la Coupe de la Ligue et la Coupe des Alpes. Bizzini, Pfister, Chivers, Guyot, Barberis, Schnyder, Andrey et bien d’autres sont les artisans de cet exploit. L’équipe ira aussi jusqu’en quarts de finale de la Coupe des Coupes. (Keystone)



Années 80 L’argent coule à flots sous la présidence de Carlo Lavizzari (à droite). Cette décennie est marquée par une valse d’acquisitions, un football pétillant mais pas toujours payant. (ASL)



1999 Le 2 juin 1999, Servette remporte son dernier championnat de Suisse dans l’élite, après un match épique à la Pontaise contre le Lausanne-Sport, rival historique. Depuis sa création, le club aura remporté à cette date 17 titres de champion suisse. (Keystone)



2001 La dernière victoire en Coupe de Suisse, contre Yverdon-Sport. C’était en 2001, avec Lucien Favre. Au palmarès de la Coupe, Servette compte sept trophées. (E. Lafargue/A.Meier)



2002 À la fin de 2002, le Servette FC dit adieu aux Charmilles et déménage au stade de la Praille. Le club quitte un lieu mythique pour une enceinte où l’histoire grenat reste à écrire. (Eric Lafargue)



2005 Une faillite, une relégation: 2005 marque le début des déboires sous Marc Roger, puis Majid Pishyar et Hugh Quennec. Ces années noires font aussi l’histoire du club. (Keystone)



2019 Saison 2018-2019: Servette mène la danse en Challenge League et se voit promu. Sera-t-elle la saison marquant la renaissance durable des Grenat? (Eric Lafargue)

Le jeu des comparaisons

Les souvenirs, sur quatre décennies, de quatre anciens joueurs .



Années 60 et 70 - Jacques Barlie, gardien d’exception, a marqué les années 60 avec Servette. Qu’il n’a jamais vraiment quitté.

Son moment fort «Je me souviens de ce match fou joué à la Pontaise contre Lausanne-Sport devant 33 000 spectateurs. C’était en 60-61. Ou peut-être 61-62, de toute façon l’une de ces deux saisons synonymes de titre pour Servette. Les gens étaient passés par-dessus les barrières, ils étaient sur la pelouse pendant le match. Une ambiance incroyable.»

Le trait de l’époque «La préparation était bien différente de celle d’aujourd’hui. On était des semi-professionnels, il fallait jongler entre le travail et le foot. J’étais apprenti mécanicien, mais mon patron n’étant pas conciliant avec les entraînements, j’ai donc changé de métier. Pour devenir décorateur.»

L’ADN grenat, qui relie les décennies, c’est quoi? «Le pouvoir de fascination qu’exerce Servette, quels que soient les moments, bons ou mauvais. De nombreux joueurs ont rêvé de jouer pour ce club.»




Années 70 et 80 - Umberto Barberis, grand meneur de jeu du Servette FC puis entraîneur des Grenat, a connu les moments de gloire avec ce club auquel il reste attaché.

Son moment fort «Je me souviens évidemment de cette fameuse saison 78-79, durant laquelle nous avons tout gagné. En particulier de la phase finale du championnat: 10 matches, 10 victoires. Extraordinaire! On était animé par un sentiment d’invincibilité.»

Le trait de l’époque «C’était le temps du football total, orienté sur l’offensive, avec prise de risque maximale. La notion de plaisir de jouer était omniprésente. Avec Ajax cette année en Ligue des champions, on a retrouvé un peu cet esprit.»

L’ADN grenat, reliant les décennies, c’est quoi? «Cette couleur grenat, déjà, c’est tellement classe! On se situe dans la tradition anglaise de ces clubs qui cultivent l’élégance et l’excellence. Et le public genevois, connaisseur, exigeant, capable de se montrer critique si le jeu n’est pas là, est le miroir de ces valeurs.»
(photo Lafargue)




Années 80 et 90 - José Sinval, attaquant brésilien virevoltant, est arrivé à Servette en 1986 et y est resté neuf saisons, avec un titre en 1994. Son cœur, dit-il, sera toujours grenat.

Son moment fort «Je me souviens surtout de cette ambiance chaleureuse qu’il y avait aux Charmilles. Il y avait ce public exigeant, mais attachant, qui vous accueillait à la descente du bus quand vous arriviez au stade, puis à la buvette à la sortie. Une telle attente du public, cela vous donnait des ailes pour jouer.»

Le trait de l’époque «Ces années 80-90, c’était une époque dorée, l’équipe comptait une incroyable quantité de talents. Chacun avait un rôle précis. Le football d’alors était surtout technique, la dimension tactique n’était pas aussi importante qu’aujourd’hui.»

L’ADN grenat, qui relie les décennies, c’est quoi? «Un club qui cultive le beau jeu, la prise de risques. Un esprit qui a parfaitement convenu au joueur brésilien que j’étais. Ce n’est pas pour rien que j’y suis resté neuf saisons. Servette est devenu ma deuxième patrie.»
(photo Lafargue)




Années 90 et 2000 - Johann Lonfat fait partie des derniers Grenat à avoir le titre en Super League, c’était il y a vingt ans, en 1999.

Son moment fort «Incontestablement ce dernier match à la Pontaise, joué sous des trombes d’eau, une victoire 5 à 2 qui nous a permis de remporter le championnat, alors que nous étions en plein doute. Vurens avait marqué trois buts, un pur moment de grâce.»

Le trait de l’époque «J’ai l’impression qu’il y a vingt ans, les moments partagés avant les matches avaient une très grande importance, peut-être plus qu’aujourd’hui. Avant cette fameuse rencontre contre Lausanne, justement, Castella nous avait invités au bistrot, à Sion. Il nous avait hypermotivés. Pour moi, cela a été un moment décisif.»

L’ADN grenat, qui relie les décennies, c’est quoi? «L’idée qu’il y a toujours eu à Servette ce souci d’une certaine qualité technique et de jeu. Et peut-être, parfois, une forme de suffisance, qui a pu lui coûter cher à certaines occasions.»
(photo Lafargue)

Cathy Macherel

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